Excursion à la Carrière de Ranville

Organisée par Vivien CHOUQUET

Le jeudi 9 juin 2022, Vivien nous a invités à découvrir la carrière de Ranville, située au Nord-Est de Caen, tout près du fleuve Orne, en direction de Ouistreham.

Ranville: LA coupe verticale de référence dans la région, révélée dans les calcaires du Bathonien*

*Bathonien: étage stratigraphique du Jurassique moyen, il s’étend de -168 à -166 Ma, succédant au Bojocien et précédant le Callovien. Il tire son nom de Bathonium, forme latine de Bath, ville située dans le comté du Somerset en Angleterre. C’est le géologue belge Jean-Baptiste d’Omalius qui a ainsi défini ce stratotype en 1843.

Nous nous trouvons face à une carrière à ciel ouvert, couvrant une superficie de 126 Ha et présentant un front de taille en gradins sur une hauteur qui avoisine les 35 mètres par endroits. Elle est exploitée par la cimenterie Calcia qui, chaque année, en extrait près de 810 000 tonnes de roche qui servent pour la fabrication du ciment.

Vivien CHOUQUET a réussi à obtenir les autorisations qui vont nous permettre « d’investir « la carrière pour l’après-midi, à la recherche des nombreux fossiles que ces formations renferment.     

Mais auparavant, prenons connaissance des lieux...

De bas en haut, nous pouvons distinguer trois couches bien distinctes: le Calcaire de Ranville, la Caillasse de la Basse Ecarde et le Calcaire de Langrune

A la base du front de taille, datant du Bathonien moyen (-166 Millions d’années), nous pouvons observer le Calcaire de Blainville. Viennent ensuite, datant du Bathonien supérieur (-165 Millions d’années), la Caillasse de Blainville, le Calcaire de Ranville, la Caillasse de la Basse-Ecarde, le Calcaire de Langrune et enfin, au sommet, les Argiles de Lion.

Succession de faciès calcaires et marneux, d’origine bioclastiques et pour certains très fossilifères, ces couches sédimentaires se sont formées dans des mers chaudes, peu profondes, peuplées d’une grande diversité d’organismes vivants: brachiopodes, éponges, échinodermes, bryozoaires, polypiers, mollusques, crustacés…   

CALCAIRE DE BLAINVILLE

Sur une épaisseur de 5 mètres, ce calcaire oolithique gris-bleu, peu cimenté, se rencontre également sous forme de sable calcaire. Parmi les fragments d’organismes, on y rencontre principalement des bryozoaires et des échinodermes. La macrofaune y est rare.

Cette formation se termine par une surface durcie et perforée par des bivalves lithofages. 

CAILLASSE DE BLAINVILLE

Cette couche, de 1,5m à 2m d’épaisseur, présente une alternance de marnes et de calcaires, très bioturbée et fossilifère: éponges, bivalves, céphalopodes, crinoïdes, poissons.

CALCAIRE DE RANVILLE

Sur une épaisseur d’environ 8m, ces calcaires de couleur ocre à brunâtre renferment une faune riche, souvent mal conservée, brisée par les courants marins violents. On y trouve des brachiopodes, des bivalves, des gastéropodes, des échinodermes, des bryozoaires…

CAILLASSE DE LA BASSE-ECARDE

Présente sur une épaisseur de 6m environ, cette formation est sub-divisée en trois couches:

     – La caillasse à céphalopodes, qui n’apparaît pas dans toute la carrière et qui se termine par une surface d’usure dite « surface de Bernières ». Outre les céphalopodes, on y trouve également des coraux et des bryozoaires.

     – La caillasse à Goniorhyntia boueti, qui se présente sous la forme de marnes, d’origine bioplastique à oolithes, qui est reconnue depuis le Dorset (Angleterre) jusqu’à Alençon.

     – Les marnes blondes, très marneuses et très fossilifères, riches en brachiopodes.

CALCAIRE DE LANGRUNE

Sur une dizaine de mètres d’épaisseur, de couleur blanchâtre à jaunâtre, ce calcaire bioclastique et oolithique présente une stratification oblique. Cette formation, très présente dans la carrière, contient une faune abondante et diversifiée: gastéropodes, bivalves, brachiopodes, éponges, coraux, bryozoaires, échinodermes, pinces de crustacés et dents de poissons et crocodiliens.

ARGILES DE LION

Débutant par une surface durcie et perforée par des mollusques lithophages, dite « surface de Lion », on trouve ensuite une lumachelle de 10 à 25cm, formation marno-calcaire contenant de nombreux bivalves et brachiopodes. Se terminant par une surface durcie avec présence de thalassinoïdes, les argiles de Lion préfigurent la grande transition sédimentaire qui marquera le Callovien.

...Et ensuite...

Forts de toutes ces connaissances concernant les formations qui s’offraient à nous, nous nous sommes égaillés dans la carrière, flanant, grattant, cassant du caillou, ramassant moult brachiopodes « traînant » à même le sol… 

 

… Et voici le fruit de nos trouvailles

Cenoceras sp
Brachiopodes
Apiocrinus elegans
Montlivaltia caryophyllata
Pecten
Lopha
Rhynchonellidae
Terebratulidae
Pleuromya (alduini ?)
Ammonites
Pleurotomaria
Bivalve
Bryozoaires
Pholadomya ?

Vous souhaitez en savoir davantage ?

  • Lithothèque de Normandie: https://geologie.discip.ac-caen.fr/
  • Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Bathonien